Exporter la nourriture pour laisser le pays dans l’insécurité alimentaire, est une aberration. Exporter la tomate et provoquer une hausse de prix à son achat localement, c’est aussi une extravagance.
Les produits indispensables à la préparation d’un repas pauvre en protéine doivent être accessibles à tous les citoyens, surtout les pauvres. C’est le minimum exigé.
Il y a de quoi s’inquiéter puisque la faim et la malnutrition ont atteint des niveaux critiques dans la région arabe, selon un rapport des Nations Unies, publié le 29 mars 2023.
53,9 millions de personnes environ se sont trouvées devant une telle insécurité alimentaire grave, dans la région arabe en 2021, soit une hausse de 55 % depuis 2010, et une augmentation de cinq millions de personnes par rapport à l'année précédente.
Alors, des efforts considérables doivent être conjugués et multipliés pour faire face à l’insécurité alimentaire, causée par des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement ayant fait grimper les prix des céréales, des engrais et de l'énergie. D’autant plus que la voie des importations de denrées alimentaires a été empruntée pour répondre aux besoins des citoyens en matière de sécurité alimentaire. Cependant, cette voie a malheureusement un effet pervers.
C’est vrai que le Maroc n’est pas menacé par l’insécurité alimentaire certes, mais il est exposé à l’inflation et à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, causées par les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.
Il faut juste nuancer que la cherté des produits alimentaires de forte nécessité n’est pas due à la pandémie ou à la guerre russo-ukrainienne. Il faut juste établir un équilibre entre une production agricole de forte valeur ajoutée et une autre de forte nécessité et de ne pas reconvertir des cultures céréalières en arboriculture.
Malheureusement, le Maroc a prévu un programme de reconversion des terres vers des utilisations plus valorisantes, notamment l’arboriculture fruitière et les plantations pastorales : mais c’est là où le bât blesse !
Le Maroc dispose d’une superficie agricole utile ( SAU) de près de 8,7 millions d’hectares, dont la superficie céréale est de 65 % et de la jachère de 10%. D’autant plus que la surface des terres irriguées au Maroc avoisine 1.6 million d'hectares, dont 1.46 million d'hectares irrigués d'une manière pérenne. L’agriculture irriguée marocaine qui n’occupe que 15 % de la surface agricole utile totale, contribue à environ 45 % de la valeur ajoutée agricole en année moyenne, et jusqu’à 70 % en année sèche.
Alors, parler de la faim au Maroc, est une aberration et une absurdité !