Les élections fédérales allemandes pourraient déclencher une hausse explosive du marché boursier du pays, en particulier dans les entreprises de petite et moyenne capitalisation, avec le potentiel d'alimenter une poussée plus large des actions européennes.
Il s'agit de l'analyse optimiste de Nigel Green, PDG du géant mondial indépendant du conseil financier et de la gestion d'actifs, deVere Group.
« Si le favori conservateur Friedrich Merz parvient à former une coalition avec le Parti social-démocrate et potentiellement les Verts, les investisseurs s'attendent à une vague de réformes économiques et à un éventuel assouplissement du frein à l'endettement, ouvrant la voie à une hausse soutenue », dit-il.
L’indice DAX est déjà proche de ses records, ce qui reflète un optimisme croissant. Un changement de politique budgétaire, autorisant davantage d’investissements publics, changerait la donne, en particulier pour des secteurs comme la défense, les infrastructures et l’immobilier. Les petites entreprises, plus sensibles aux changements de politique intérieure, sont celles qui en bénéficieraient le plus.
Selon deVere Group, l'un des principaux cabinets de conseil financier indépendants au monde, ce changement pourrait être le déclencheur d'une période prolongée de surperformance des actions allemandes. « Les investisseurs considèrent de plus en plus l'Allemagne comme l'épicentre du prochain boom des marchés européens », déclare Nigel Green. « Le résultat des élections pourrait déclencher un niveau d'activité d'investissement que nous n'avons pas vu depuis des années. »
Ce phénomène ne se produit pas de manière isolée. Pour la première fois depuis près d'une décennie, les actions européennes surperforment leurs homologues américaines. Le Stoxx Europe 600 a bondi de 5,6 % depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, dépassant ainsi la hausse de 2,5 % du S&P 500 et de 2,2 % du Nasdaq Composite.
« Ce changement radical dans le sentiment du marché signale un regain d’appétit des investisseurs pour les actions européennes », note Nigel Green.
Plusieurs facteurs critiques sont à l’origine de cette dynamique.
« La décision de Trump de ne pas augmenter les droits de douane contre l'UE a levé un obstacle majeur pour les marchés européens. Dans le même temps, il existe une nouvelle possibilité de négociations de paix en Ukraine, ce qui apaise les tensions géopolitiques qui ont pesé sur la confiance des investisseurs. Ces développements ont levé une incertitude substantielle, permettant de se concentrer sur l'amélioration des fondamentaux de la région.
« La décision de la Banque centrale européenne de réduire ses taux d'intérêt a encore renforcé la tendance. Contrairement à la Réserve fédérale américaine, qui reste prudente quant à un assouplissement trop agressif de sa politique monétaire, la BCE abaisse résolument ses taux pour stimuler la croissance. Cette divergence de politique monétaire rend les actifs européens de plus en plus attractifs, d'autant plus que la baisse des coûts d'emprunt constitue un atout pour les entreprises et les consommateurs. »
L’un des facteurs clés de cette hausse est la valorisation. Les actions européennes se négocient depuis longtemps avec une forte décote par rapport à leurs homologues américaines, un écart qui est devenu plus difficile à justifier compte tenu de l’amélioration du contexte macroéconomique.
Nigel Green poursuit : « Même après les gains récents, les entreprises européennes de grande qualité restent nettement sous-évaluées par rapport à leurs homologues américaines. La prise de conscience croissante de cette mauvaise évaluation entraîne une vague d’afflux de capitaux, une tendance qui pourrait s’accélérer à mesure que la confiance se renforce.
« Un autre changement est en cours : la rotation stratégique des portefeuilles d’investissement mondiaux. Depuis plus d’une décennie, les valeurs technologiques américaines dominent le marché, mais la hausse des taux d’intérêt et la surveillance réglementaire croissante incitent les investisseurs à réévaluer leur positionnement.
« En conséquence, les capitaux affluent vers des régions qui offrent des opportunités intéressantes au-delà du secteur technologique surchargé. L’Europe, avec ses valorisations attractives et le soutien de ses banques centrales, devient un bénéficiaire clé. »
Certains observateurs du marché estiment que cette reprise européenne est temporaire et que les États-Unis retrouveront inévitablement leur position dominante une fois que la Réserve fédérale commencera à réduire ses taux. Mais cette perspective ne tient pas compte d’un changement fondamental des conditions de marché.
Historiquement, les actions européennes ont été pénalisées par la stagnation économique et l’incertitude politique. Aujourd’hui, ces obstacles s’atténuent, ouvrant la voie à une surperformance potentiellement durable.
« Un résultat décisif aux élections allemandes, ouvrant la voie à des réformes économiques, pourrait déclencher une hausse significative des actions, qui s'étendrait au-delà de l'Allemagne et contribuerait à remodeler le paysage d'investissement en Europe. »