Après plusieurs interventions devant le parlement, la Ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Mme Benali Leila, est sortie devant la presse avec un discours, au siège du Développement durable ( Ancienne bâtisse du Ministère de l’Environnement), à Hay Riad, ce vendredi 15 avril 2022, pour des mises au point, des rectifications relatives à des informations qui circulent dans les réseaux sociaux, en particulier Twiter, des éclaircissements et  vulgarisation des concepts énergétiques pour éclairer l’opinion publique.

Dans ce discours, Mme la Ministre veut éclairer l’opinion publique sur la situation actuelle du secteur énergétique considéré stratégique pour l’économie nationale, à travers une intervention reposant sur trois piliers : un rappel des objectifs et des axes de la stratégie nationale énergétique; état des lieux des principaux défis auxquels le secteur de l’énergie est actuellement confronté; Ainsi que la nouvelle approche pour accélérer la transition énergétique et activer les objectifs de développement durable, notamment dans les secteurs de l’électricité, de l’efficacité énergétique et des carburants.

Stratégie énergétique nationale : Tenants et aboutissants

Mme la Ministre a fait un rappel de la stratégie énergétique, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui vise à atteindre les 4 objectifs suivants :

1. Généralisation de l’accès  à l’énergie à des prix compétitifs ;

2. Sécurisation de l’approvisionnement et de la liaison énergétiques  ;

3. Préservation de l’environnement ;

4. Contrôle de  la demande.

Cette stratégie s’articule également autour de 5 axes :

1. Développer un bouquet énergétique diversifié et adopter des options technologiques fiables et compétitives ;

2. Faire de l’efficacité énergétique une priorité nationale ;

3. Renforcer l’intégration régionale par le développement des liaisons énergétiques ;

4. Adoption et mise en œuvre des principes de développement durable.

5. Mobiliser les ressources énergétiques nationales à travers une croissance exponentielle des énergies renouvelables ;

Cependant, Mme la Ministre a précisé que « nous ne pouvons pas continuer sur le chemin que nous avons emprunté», en arguant ses propos par les hautes instructions royales ayant été données pour hisser les ambitions du Royaume en augmentant la part des énergies renouvelables dans la capacité électrique totale installée. Celle-ci dépassera 52% d’ici 2030.

Pour plus d’arguments, Mme la Ministre a rappelé aussi que la consommation énergétique a connu une augmentation considérable durant la dernière décennie et le bouquet énergétique a connu lui aussi une grande transformation.

Il a ajouté que le secteur de l’énergie connaît des transformations et des fluctuations continues, au niveau international, ayant engendré plusieurs défis que le Maroc doit relever.

Transition énergétique : une nouvelle approche adoptée

Pour relever ces défis, une nouvelle approche a été adoptée pour accélérer la transition énergétique et concrétiser les objectifs du développement durable, en ligne avec les recommandations du nouveau modèle de développement. Et des efforts  ont été bien identifiés et déployés à travers certains projets qui sont programmés ou en cours de réalisation.

Alors, Mme la Ministre a rappelé que la capacité électrique installée est passée de 6127 mégawatt en 2009 à 10743 mégawatt en fin de 2021.

Pour le secteur des Énergies renouvelables, 59 projets sont en cours de réalisation avec une capacité totale d’environ 4500 mégawatt.

Et pour renforcer le réseau de production, de transport et de distribution, 8800 km supplémentaires des lignes de transport électrique ont été réalisées, d’un montant global de 13,29 milliards de dirhams. Ainsi, le réseau global de transport électrique atteint 28 352 Km en fin de 2021.

Le milieu rural, lui aussi, a connu l’électrification de 10 705 douars en arrivant à 99,83% d’électrification rurale en 2021.

Un autre programme a été aussi développé pour alimenter les zones industrielles d’une capacité électrique de source renouvelable, dont l’exécution est assurée à travers la signature d’une convention.

Ainsi, le premier projet qui a été autorisé pour alimenter un groupement d’industriels en capacité électrique de source renouvelable est situé dans la zone industrielle de Kénitra avec une capacité de 50 mégawatt. D’autres projets se trouvent sur le circuit administratif de l’obtention de l’autorisation.

Parmi les mesures qui ont été prises pour accélérer la réalisation de certains projets, il y a lieu de citer certaines stations de dessalement de l’eau de mer qui vont être équipées d’unités de production d’énergie renouvelable. Dans ce cadre, le premier projet d’énergie éolienne a été autorisé dans la région de Dakhla avec une capacité de 40 mégawatt couvrant ainsi les besoins de 5000 ha des terres agricoles de la région. Un autre projet concernant  la station de dessalement de l’eau de mer est celui de Casablanca, avec une capacité de production de 300 millions de m3,/ an, qui est en cours de réalisation.

D’autres mesures ont été prises concernant l’efficacité énergétique à travers l’élaboration de deux programmes relatifs à la réhabilitation énergétique des établissements scolaires et des bâtiments du Ministère de la justice et à travers l’élaboration du système de suivi et d’évaluation ( MRV) du secteur de l’efficacité énergétique, afin de suivre les indicateurs et les objectifs tracés dans le domaine de l’efficacité énergétique ( PERG 2.0).

Consommation énergétique nationale : un soutien au pouvoir d’achat est de mise

En ce qui concerne le secteur des hydrocarbures, il y a lieu de mentionner que la consommation nationale des produits pétroliers, durant l’année 2021, a atteint environ 11,2 millions de tonnes dont le gasoil  et le gaz butane représentent 80%.

Il est à rappeler que le marché énergétique national est alimenté moyennant  l’importation à travers des différents ports du Royaume, dont la capacité globale de stockage atteint 1,6 millions de tonnes, soit 52 jours de la consommation globale nationale.

Et dans le cadre de la stratégie nationale ambitieuse qui consiste à élever le niveau de stock de réserve d’énergie et à sécuriser les besoins du marché national en produits pétroliers, le Ministère de tutelle incite les acteurs privés, tout en les accompagnant, à réaliser une capacité globale supplémentaire  de stockage de 890 milles m2 avec un investissement d’environ 3 milliards de dirhams jusqu’à 2023. Le but est d’augmenter le stock de réserve national, afin qu’il atteigne le niveau décrété par la loi qui est de 60 jours.

Il est à préciser que le réseau des stations-services de carburant a atteint un nombre de 3000 au niveau national.

Et  afin d’atténuer les effets de cette conjoncture et de limiter son impact sur le pouvoir d’achat des citoyens, le gouvernement continue de subventionner le gaz butane, d’où l’augmentation des crédits alloués à la caisse de compensation de 27,6% par rapport à l’année précédente.

Il est à préciser que durant ce mois en cours ( mois de ramadan/ avril), le gouvernement subventionne la bouteille de gaz  de 12 Kg d’environ 116 dh ( le prix réel d’une bouteille de gaz de 12 kg est de 156 dh).

La bouteille de 3 Kg, elle aussi, est subventionnée d’environ 30 dh ( le prix réel est de 40 dh).

Quant au tarif de l’électricité, il n’a pas connu de changement, malgré les augmentations galopantes des prix du fioul et du charbon.

Pourtant, il est prévu que les prix d’achat d’énergie et du carburant vont connaître une augmentation de plus de 25 milliards de dirhams par rapport à l’année 2021.

Dans ce contexte, le gouvernement a accordé un soutien exceptionnel aux professionnels du secteur du transport routier, visant les différentes catégories professionnelles et couvrant 180 000 véhicules.

Le gouvernement a adopté une autre mesure pour atténuer l’impact négatif de cette conjoncture en diversifiant les sources d’énergie à travers le recours au gaz naturel en tant que source énergétique importante pouvant en effet atténuer l’impact de ces fluctuations, tout en développant l’utilisation de l’énergie solaire pour l’irrigation dans le domaine agricole.

D’autant plus que le gouvernement œuvre pour la création  du « Conseil de sécurité énergétique» qui sera chargé du suivi précis de la situation du secteur énergétique national, et aussi de la prise de mesures pour confronter des crises similaires. Ce conseil aura aussi pour mission de définir les produits concernés par le stock stratégique et de prendre les mesures nécessaires pour garantir la souveraineté énergétique du pays.